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L’unité italienne (2/2)

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Giuseppe Garibaldi, le « héros des deux monde », deuxième figure majeure de l’unité italienne

Deuxième acte, Giuseppe Garibaldi, sorte de chef de guerre révolutionnaire incontrôlable (républicain, il est de fait idéologiquement très éloigné de la monarchie piémontaise), entre en scène. Il lance la célèbre « expédition des Mille » : il part avec une milice d’un petit millier d’hommes du port de Gênes en mai 1860 et « libère » le royaume des Deux-Siciles au profit de Victor Emmanuel. Le deuxième acte s’achève : le 14 mars 1861, Victor Emmanuel II est officiellement proclamé « roi d’Italie ». Mais si l’Italie existe enfin, l’unité n’est pas faite : ni les Etats pontificaux, sous protection française, ni la Vénétie n’appartiennent à cette nouvelle structure nationale.

Les tensions internes entre les partisans de l’unité italienne menacent la fragile coalition formée autour de Victor Emmanuel. C’est la question des Etats pontificaux qui cristallise les conflits : si les républicains de Garibaldi, farouchement anticléricaux, ne peuvent admettre que les Etats du pape n’appartiennent pas à l’Italie et que Rome ne puisse être la capitale du nouvel Etat, Victor Emmanuel, lui, sait qu’attaquer Rome signifie se mettre à dos l’opinion européenne et déclarer de fait la guerre à la France (qui entretien dans la cité éternelle un contingent chargé de la défense du saint père). Ainsi, en 1862, on assiste à une scène surréaliste : Garibaldi, qui a attaqué les Etats pontificaux pour les donner à Victor Emmanuel, voit son armée écrasée par le même Victor Emmanuel à Aspromonte.

Si la prudence diplomatique a dicté cette décision au roi d’Italie, il n’a néanmoins pas renoncé à achever l’œuvre du défunt Cavour. La guerre austro-prussienne de 1866 ouvre une porte : l’Italie, qui a signé une alliance avec la Prusse sous conseil de Paris, profite de la victoire prussienne de Sadowa. L’Autriche paie en Italie sa défaite en Allemagne : elle cède la Vénétie au jeune royaume.

Reste la question romaine. Là encore, Victor Emmanuel profite du contexte international aux dépends de l’allié d’hier : la guerre franco-prussienne de 1870 contraint Napoléon III de rapatrier le corps expéditionnaire français à Rome. Le pape se retrouve sans défense. Les troupes italiennes entrent dans la ville éternelle le 20 septembre 1870. Rome devient la capitale d’un royaume enfin uni.

L’unité italienne, évènement majeur du XIXe siècle, a échoué en 1820, en 1831, en 1848… Pourquoi a-t-elle réussi entre 1859 et 1870 ? D’abord, il ya a eu l’alliance inédite de la monarchie libérale piémontaise et des républicains révolutionnaires et mazziniens. Ensuite, il y a eu une succession de conjonctures internationales favorables qui ont permis au petit Piémont de pouvoir s’opposer à la toute puissante Autriche : alliance avec la France, soutien de l’Angleterre une fois la France affaiblie, alliance avec la Prusse et enfin chute de la France.

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